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MontbaZine 2024












Internet, applis mobiles : tenons-nous encore à nos données ?

Comment protéger nos données personnelles quand nous utilisons les réseaux sociaux, quand nous naviguons d'une page à l'autre, d'une application à une autre ? Que peuvent les législateurs ? Avec quels outils pouvons-nous contourner cette fuite ou ce rapt d'informations privées ?

"Si vous pensez que la technologie peut résoudre vos problèmes de sécurité, alors vous n?avez rien compris aux problèmes ni à la technologie."

Ce sont les mots de Bruce Schneier, expert américain en Cryptographie, sécurité informatique et spécialiste de la vie privée. Lui qui dit encore sur son blog, que

"seul un ordinateur éteint, enfermé dans un coffre fort et enterré six pieds sous terre dans un endroit tenu secret peut être considéré comme sécurisé, et encore."

Sans pour autant les résoudre nos problèmes de sécurité, peut-on au moins éviter de s'en créer de nouveaux ?

Se poser la question de l'exposition de son moi, de la déclinaison de son identité sur le net, à l'heure où chaque trace que nous y laissons y est mémorisée, transférée, monétisée, transformée, tout cela, le plus souvent à notre insu. Aujourd'hui, c'est Facebook qui doit se justifier auprès de la CNIL de l'utilisation de données personnelles de ses utilisateurs et d'internautes en général. Ce n'est pas la première fois que le réseau social est appelé à revoir sa politique en la matière. Ce n'est pas non plus -loin s'en faut- la seule entreprise à être visée par ce genre d'accusation. On peut citer Tinder, Snapchat, Runkeeper ou encore Pokémon Go, applications mobiles qui gardent précieusement les données géographiques, orientations sexuelles, préférences politiques ou les photos de leurs utilisateurs à des fins commerciales.

On pourrait, et c'est d'ailleurs ce qu'on va faire, interroger, l'évolution du droit européen, américain censés nous protéger de ce vol, parfois conscient, parfois même consenti, à grande échelle. On pourrait aussi s'interroger soi-même sur notre propre responsabilité à être présent et à le demeurer sur la toile. Surtout dans le contexte que nous vivons aujourd'hui, où la traque de terroristes présumées peut renforcer la légitimation d'une cybersurveillance aveugle et généralisée.

Alors tenons-nous encore à nos données personnelles ?

Nathalie Devillier,
Docteur en droit, enseignant-chercheur à Grenoble Ecole de Management


Source : www.franceculture.fr