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Le référendum au risque des colères

La crise des "gilets jaunes" a relancé, en France, le débat sur l’instauration d’un "référendum d’initiative citoyenne" aux contours flous. La Suisse peut-elle servir d’inspiration ? Et qu'en est-il du référendum au niveau européen ?

Difficile, pourtant, d’applaudir sans nuances à cette poussée désordonnée de fièvre citoyenne qui, en Italie voisine, a fait le lit politique du Mouvement 5 étoiles. Sur les barrages en province, et lors des marches organisées à Paris et dans les métropoles, les plus fervents partisans du RIC étaient souvent... les militants ou sympathisants du Rassemblement national de Marine Le Pen.

Sans prôner ouvertement le "Frexit", la patronne de l’actuel RN répète dès qu’elle le peut, qu’une forte injection de "souveraineté populaire" est indispensable. Ce que son ancien bras droit Florian Philippot, à la tête de son mouvement Les patriotes, s’est aussi empressé de justifier, estimant que le RIC est "une arme contre l’oligarchie. Une dynamique authentiquement révolutionnaire".

Autre chantre d’un RIC à géométrie variable: Jean-Luc Mélenchon. Le leader de La France insoumise (gauche radicale) a défendu cette semaine à l’Assemblée nationale le droit d’inclure "un référendum permettant d’abroger une loi, d’en proposer une, et le droit de révoquer un élu, quel qu’il soit, du président de la République au conseiller municipal".

Autre option: celle des députés et sénateurs socialistes, désireux d’utiliser le dispositif existant du référendum d’initiative partagée (possible s’il recueille le soutien de 4,7 millions de citoyens, soit 10% des électeurs inscrits, et d’au moins 185 parlementaires).

Dans une France où la rue tente souvent de contourner les urnes, et où les réseaux sociaux sont l’explosif carburant démocratique des "gilets jaunes", référendum citoyen et référendum de la colère s’entremêlent.

Source : www.letemps.ch