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L'été : le pied au naturel

Noura, pharmacienne, déteste montrer ses pieds, qu'elle juge "pas terribles". Pour la jeune femme, devoir les dénuder, notamment devant les vendeurs de magasins de chaussures l'hiver, est une véritable épreuve: "Ils sont blancs et ne sentent pas toujours bon à cause de l'enfermement". L'été, la jeune femme a une astuce: "Je ne sors jamais sans avoir mis du vernis à ongles sur mes pieds pour les rendre “potables” et si je n'en ai pas, je préfère mettre des baskets quitte à avoir chaud", raconte celle qui affirme que toutes ses copines en font autant. "Aujourd'hui, si tu n'en mets pas, ça fait bizarre, c'est comme si tu étais négligée. En tout cas moi je ne pourrais plus sortir sans." Une injonction qui trahit le mépris affiché pour cette partie du corps, qu'il serait déplacé de montrer en l'état.

  C'était ça ou des baskets

"Il existe une hiérarchie morale et religieuse qui valorise le visage et la tête et qui dévalorise les pieds", décrypte le sociologue David Le Breton. Les pieds, proches de la terre, ont quelque chose de moins valorisant dans notre société marquée par la spiritualité."

"C'est aussi l'organe le plus animal chez l'humain", poursuit l'auteur du livre Anthropologie du corps et modernité [voir], qui souligne une ambivalence: "C'est à travers la bipédie que la condition humaine existe, mais on a aussi des expressions comme "bête comme ses pieds”, qui prouvent "leur mauvaise image".

Source : Slate Fr (24-07-2018)